« Il faut redonner du sens à la politique et à l’immobilier »

Philippe Briand, président du groupe Arche dénonce les blocages administratifs et fiscaux qui freinent l’immobilier en France.

« Nous sommes dans une société bloquée »

Interrogé sur l’état de l’immobilier en France lors du Congrès Immo FNAIM, Philippe Briand a livré un constat sans appel. « L’immobilier est le secteur le plus fiscalisé de France. Vous pouvez payer jusqu’à 100 % d’impôts sur votre investissement. C’est totalement aberrant. » . Ce qu’il qualifie de « société bloquée » ne se limite pas à la fiscalité. « La superposition des normes et l’incohérence des politiques publiques freinent toute initiative« . Les conséquences ? Elles se font sentir partout :

• Étudiants : « 16 % des jeunes abandonnent leurs études, car ils ne trouvent pas de logement. »
• Femmes victimes de violences : « Elles restent piégées dans leur foyer, car elles ne peuvent pas se reloger. »
• Entreprises : « Des postes ne sont pas pourvus faute de logements disponibles pour les salariés. »

Pour Philippe Briand, cette crise du logement révèle un problème plus large. « On est face à une suradministration qui entrave le terrain. Les maires, comme moi, veulent agir, mais se retrouvent impuissants. »

Et si l’on appliquait la méthode Notre-Dame à l’immobilier

Le président du groupe Arche fait un parallèle saisissant avec la reconstruction rapide de Notre-Dame :
« Pour rebâtir la cathédrale, on a choisi les meilleurs talents et donné carte blanche à un général pour coordonner les travaux. Aujourd’hui, en politique, on nomme des apprentis. Et on ne fait pas un chef-d’œuvre avec des apprentis. »

À ses yeux, l’immobilier pourrait redevenir un moteur économique et social, mais cela exige une vision et des actions fortes, loin des querelles politiciennes. Ce qui manque ? Une vision claire et des décisions audacieuses. « Nous avons besoin de moins de normes, de plus de pragmatisme et d’un vrai plan pour relancer la production de logements. 200 000 logements par an, ce n’est pas assez. Il nous en faut au moins 450 000. »

« Les professionnels doivent se mobiliser collectivement »

Malgré son constat sévère, Philippe Briand reste confiant dans l’avenir : « La France met un genou à terre, mais elle finit toujours par se relever. Ce sont les Français, pas l’élite politique, qui porteront ce renouveau. »

Pour cela, il appelle les professionnels de l’immobilier à s’unir et à peser davantage dans le débat public. Inspiré par l’exemple du monde agricole, il souligne : « Les agriculteurs savent se battre ensemble. Les professionnels de l’immobilier doivent apprendre à faire entendre leur voix de façon unifiée. »

Il salue les efforts des organisations comme la FNAIM, mais regrette qu’elles se heurtent à une administration souvent déconnectée : « Le problème, ce sont les récepteurs : des ministres qui ne restent en poste que quelques mois, qui ne connaissent pas leur sujet. C’est insupportable. »

Malgré les blocages actuels, Philippe Briand conclut sur une note optimiste : « La France se relèvera. La France met un genou à terre, mais elle finit toujours par se relever. Ce sont les Français, pas l’élite politique, qui porteront ce renouveau. »

MySweetImmo : Ariane Artinian