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Le digital et l’IA ne nous remplaceront jamais l’agent immobilier de proximité

Publié le 28/08/2024
La concomitance entre la visite de deux vieilles dames dans son agence immobilière et l’actualité autour des « Agences de Papa » inspire à Jean-Luc Brulard à une réflexion de rentrée sur le métier d’agent immobilier.

Matinée ordinaire, réflexion extraordinaire

En cette matinée, calme (!) du mois d’août*, j’ai eu le plaisir d’accueillir dans notre Agence 2 vieilles dames, dynamiques et aux idées bien arrêtées pour la recherche d’un appartement pour l’une d’entre elle. Notre échange (ce que nous appelons la « découverte ») a duré près d’une heure et demie : le marché, en général et local, ses propres critères – à ce stade j’en ai noté 13… en plus de la localisation et du budget-, puis un focus sur deux biens susceptibles de correspondre, avec présentation détaillée etc… Elles sont reparties en me remerciant chaleureusement pour ma disponibilité et mes conseils et, bien entendu, avec l’échange de nos coordonnées respectives pour la suite.

Et la veille au soir j’avais fait un post sur un réseau social pourtant orienté professionnel, pour commenter l’actualité de nos chères (!) « Agences de Papa, et ayant déclenché, en 24 heures et à ma grande surprise, plus de 17.000 vues et de nombreuses marques d’approbation …

La concomitance de ces deux évènements, m’a amené à une réflexion, basée sur une conviction :  alors j’ai repris ma plume (mon clavier) – ça faisait longtemps – pour vous les faire partager.

L’immobilier résidentiel, bien plus qu’une transaction

En préalable, il convient de préciser que ce qui suit s’inscrit dans le cadre de l’immobilier résidentiel, maisons et appartements, dédié à l’habitation, c’est-à-dire là où l’on fait le choix d’un cadre de vie pour soi et sa famille.

Car en matière d’immobilier tertiaire et d’investissement, les décisions peuvent se prendre sur la base d’une Data Room bien complète, de bons avocats spécialisés et notaires et, pour le reste, avec la calculette : Taux de Rendement Interne (TRI), Cash-Flow, et autre Valeur Actualisée Net (VAN)… et cela dans  une relation BtoB, au besoin même avec un fonds d’investissement de l’autre bout de la planète.

Mais en matière de résidentiel, c’est tout autre chose : le professionnel de l’immobilier s’adresse à des gens, chacun(e) avec sa sensibilité, ses envies et ses capacités propres et chaque bien est différent. On ne vend pas des briques et des parpaings, ni un taux de rendement mais un cadre de vie qui s’inscrit dans un projet de vie… Alors l’acquéreur a besoin, au-delà des informations de base, commerciales et réglementaires, de voir le bien, de le ressentir, de le sentir, d’apprécier  l’aspect de l’immeuble, les vues, le bruit, la luminosité, le voisinage etc., etc…

Alors, d’abord, je n’imagine pas mes mamies de ce matin s’adresser à un serveur vocal adossé à une IA fût-elle performante : « si vous cherchez un appartement taper 1, pour une maison taper 2 », « si vous ne voulez pas de rez-de-chaussée tapez 1, sinon tapez 2 », « si vous souhaitez un balcon tapez1, sinon tapez 2 », « exposition Sud-Ouest tapez 1, Est tapez 2, … », « … », « … » etc., etc., pour leurs 13 critères.

Je caricature, mais je ne les vois pas non plus passer une heure devant leur assistant personnel intelligent à échanger ; « Alexa, cherche-moi à Rueil-Malmaison un appartement de 450.000 euros, frais de notaire inclus, en centre-ville ou proche et avec comme critères, celui-ci, celui-là, et puis celui-là, et puis celui-ci, etc…, etc… » puis « oui mais finalement, Alexa, propose-moi plutôt etc., etc., etc., »

Je caricature encore car l’IA fait des progrès phénoménaux et ultra-rapides : la simplicité d’usage et la pertinence des résultats progressent à pas de géants.

Mais par ailleurs, les professionnels, les intermédiaires que nous sommes nous faisons ce que l’IA ne fera jamais :

  • Une chaleureuse poignée de main, un sourire, et l’instauration d’une relation de confiance…,
  • Se mettre à quatre pattes sous un évier pour rechercher la cause d’une fuite ou une odeur,
  • Faire le pied de grue sous la pluie devant une entrée d’immeuble et se faire parfois poser des lapins,
  • Se débrouiller pour trouver une clé de parties communes, afin de pouvoir présenter une cave, en demandant à un voisin,
  • Passer 200 coups de fil ou mails pour coordonner une vente depuis la première visite jusqu’à l’acte authentique, 4 mois plus tard, (acquéreur, vendeur, diagnostiqueur, notaires, syndic, plombier, architecte, opérateur de la fibre, concessionnaires des fluides, banquiers, mairie, géomètre, etc., etc.,),
  • Installer une échelle, décoincer une trappe (se pincer le doigt au passage !) pour accéder à des combles : attention aux vices cachés ! nous sommes des professionnels responsables,
  • Transporter (comme moi aujourd’hui) une mamie avec des problèmes de mobilité,
  • Faire visiter, revisiter,… re-revisiter, …
  • Ecouter, percevoir le dit et le non-dit, décrire, contrôler, conseiller, rédiger, suggérer, négocier, concilier, calmer, expliquer, démontrer, convaincre et justifier, etc., etc., …
  • Consoler des larmes de déception ou d’angoisse, ou bien partager des larmes de bonheur,
  • Etc…

    Le rôle irremplaçable du professionnel de l’immobilier de proximité

    Ma grand-mère disait « Il ne faut jamais dire jamais », et elle avait raison…

    Mais notre activité a encore de bons et longs jours devant elle, et l’IA n’est pas près de remplacer tout cela, tout ce qui fait le quotidien de notre action et de notre service auprès des particuliers.

    Et quand ce sera le cas, quand l’IA nous aura supplanter, alors cela voudra dire qu’il n’y aura plus non plus de notaires, de banquiers, de plombiers, de médecins, de psychologues, de policiers, de professeurs des écoles etc., etc…. Dans quelle Société serons-nous alors ? Une Société où, tout simplement, on n’aimera plus les gens, c’est-à-dire nous-mêmes ? A votre avis, c’est pour quand ?

    Alors je dis :

    • A mes jeunes confrères, riches de leur compétence, de leur énergie, de leur volonté de progresser, d’investir et de développer que, même si nous traversons une période rude, véritable marasme pour le logement (bien indépendamment de notre volonté et de notre engagement), ils ne sont pas près d’être supplantés,
    • Aux plus jeunes qui se destinent et/ou se forment à notre beau métier qu’ils ont le temps et la perspective d’y faire une belle carrière,
    • A tous les professionnels, de développer mais à leur service, le digital et l’IA, pour progresser, être plus performants dans leur mission et ce qu’ils incarnent : la relation humaine de proximité,
    • Aux petits génies du Digital et de l’IA, experts et sincères, qu’ils vont probablement de se perdre dans des solutions qui ambitionneraient de nous remplacer,
    • Aux faiseurs de rêves – et aux faiseurs d’argent – ainsi qu’à certains médias et politiques, naïfs, voire complaisants, toujours avides de scoops, de casser une profession (surtout les agents immobiliers !), qu’ils analysent un peu plus loin que les simples communiqués de presse, et la pub à coup de millions d’euros,
    • Et, enfin, aux investisseurs et autres « business angels », qu’ils y regardent à deux fois, au-delà des titres ronflants et racoleurs de certaines presses, grand public ou financière, avant d’investir leurs fonds sur des modèles qui prétendent, « disrupter » et détruire les Agents Immobiliers de proximité. Ils perdront beaucoup d’argent (suivez mon regard…).

Sources : MySweetImmo / propos Jean-Luc Brulard Agent Immobilier

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